iT-News (Le plan d’Octave Klaba) – Cumulant désormais la fonction de président et de directeur général d’OVH depuis l’éviction soudaine de Benjamin Revcolevschi, le fondateur de l’hébergeur roubaisien, Octave Klaba, veut renouer avec une croissance à deux chiffres. Renforcement des offres, réponse aux enjeux de sécurité et élargissement de la clientèle sont au menu.
Jeudi 20 novembre prochain, OVH invite ses clients et partenaires à la maison de la Mutualité (Paris) pour la prochaine édition de son Summit annuel. Un événement qui s’annonce riche avec des annonces dans de nombreux domaines dont l’IA (capacités de traitement, développement agentique…), l’extension du réseau de zones de disponibilité et de datacenters certifiés, l’élargissement des offres web cloud, bare metal cloud, private cloud et vCloud… nous y serons.
En attendant de faire le point sur cet événement, le PDG du fournisseur roubaisien, Octave Klaba, est revenu lors d’un point presse sur les ambitions du groupe, les tendances du marché et les attentes des entreprises en matière de cloud et d’IA. Une prise de parole qui intervient une poignée de semaines après l’éviction surprise de Benjamin Revcolevschi de son poste de directeur général. « Nos résultats 2025 sont corrects mais sans plus en termes de croissance. La croissance est dans la fourchette attendue au-dessous des 10 %, mais les perspectives présentées pour 2026 entre 5 et 7 % ont déçu », explique M. Klaba. « On ne pouvait pas s’en satisfaire dans un marché avec autant de croissance, des produits aussi géniaux, et des gens incroyables » observe-t-il. Dès lors quelle est la bonne configuration pour piloter cette accélération de la croissance ? s’interroge le dirigeant. Pour lui, « une seule personne doit avoir la vision stratégique et la stratégie d’exécution. »
Etendre les offres de sécurité
Octave Klaba ne devrait pas lâcher son nouveau poste de sitôt, le dirigeant envisageant de conserver la présidence et direction générale du groupe au moins jusqu’à la fin du prochain plan stratégique (2026-2030). « Après nous verrons, il faut toujours préparer sa succession », glisse-t-il. Pour l’heure, OVH n’envisage par ailleurs pas à ce stade de retirer l’action en bourse, durement malmenée depuis son introduction mais tous les scénarios sont envisagés : « nous allons redresser à deux chiffres la croissance mais si après cela nous ne sommes pas valorisés, des questions vont naturellement se poser », fait savoir le PDG.
Alors que certains fournisseurs choisissent de renforcer leurs catalogues de services cloud avec des solutions de partenaires (comme par exemple Numspot avec la solution de back-up Oxibox), OVH préfère compter sur ses propres forces. « Nous n’avons pas besoin de nous appuyer sur des solutions que l’on ne maitrise pas ou qui n’ont pas d’apport pour nous. Nous avons nettement plus de services que tous les autres et nous sommes largement en avance sur presque tout le monde », explique M. Klaba. Aussi bien doté et avec autant d’atouts dans sa manche, on se demanderait presque pourquoi de grandes entreprises comme EDF et Airbus ne l’ont pas choisi avant pour leurs offres cloud de confiance. Si la société réalise encore une très grande partie de son chiffre d’affaires en France (48 % en 2025 contre 48,6 % en 2024) en France ses ambitions à l’international restent intactes avec la volonté de proposer des offres cloud et IA aussi régionalisées que sécurisées. « Les entreprises ne sont pas intéressées par la souveraineté mais par la sécurité », avance le dirigeant. « Nous avons certifié des produits autour de SecNumCloud qui répond à des besoins de sécurité avec des normes de niveau militaire que l’OTAN peut utiliser et que nous donnons aux hôpitaux, aux industries…» , précise-t-il. Avant d’ajouter que la société « va commencer à parler beaucoup plus de sécurité, de protection des données, de gouvernance, de plan de reprise d’activité, de besoins métiers, d’accès à l’innovation et du respect des budgets pour les entreprises ».
Le business VMware et Nutanix au beau fixe
Pour l’heure, les ventes de produits et services SecNumCloud restent toutefois modestes et ne totalisent pas plus de 30 M€ de chiffre d’affaires pour un peu plus d’une centaine de clients, dont l’AIFE (agence pour l’informatique financière de l’Etat) pour son portail public de facturation sur l’offre bare metal pod qualifiée par l’Anssi (SeNumCloud 3.2) depuis mars dernier. « L’expansion d’OPCP [on-prem cloud platform] et bare metal pod explose », assure Octave Klaba. Autres solutions du portefeuille du fournisseur à rencontrer un certain succès, celles du catalogue VMware avec qui une négociation a été faite afin de bloquer les prix sur 4 ans. « Nous continuons d’accroitre le nombre de licences VMware et nous ne voyons pas de fuite de clients », poursuit le PDG. Si l’activité VMware se porte bien, c’est également le cas pour celle de Nutanix avec qui un partenariat stratégique a été noué autour des instances NC2 (Nutanix Cloud Clusters).
Outre le cloud et la sécurité, c’est bien entendu également dans l’IA qu’OVH compte également se démarquer, mais certainement pas en faisant l’acquisition de centaines de milliers de GPU. « Nous continuons d’investir dans l’IA des dizaines de millions d’euros mais de manière défensive pour ne pas mettre à risque l’ensemble de l’activité », précise Octave Klaba. « Il faut se poser la question du business model derrière les GPU et tous ceux qui investissent ne savent pas comment ils vont les rentabiliser. Il faut se rendre compte qu’au bout de 36 mois [les GPU achetés] perdent 80 % de leur valeur. »
Note aux lecteurs. La part du chiffre d’affaires réalisée par OVH en France a bien été de 48 % en 2025 et non de 80 % comme indiqué initialement dans l’article.
