iT-News (Navigation privée) – Suivant les termes d’un accord passé lundi, Google va détruire les données récoltées à partir de la navigation en ligne de millions d’utilisateurs. Le géant américain souhaite ainsi mettre fin à des poursuites lancées contre lui par des plaignants, via un recours collectif. Ils l’accusent de les avoir induits en erreur sur la manière dont il les pistait alors qu’ils utilisaient le mode de navigation privée de son navigateur Chrome.
Google capitule. Le géant de la recherche en ligne fait l’objet d’un recours depuis 2020 contre le mode « Incognito » proposé sur son navigateur internet Chrome. Selon les plaignants, cette option de navigation privée donne l’impression aux usagers, à tort, qu’ils ne sont pas suivis par l’entreprise lorsqu’ils l’utilisent. Ils accusent ainsi Google de les avoir induits en erreur sur la manière dont Chrome piste les utilisateurs.
Pour mettre fin aux poursuites, l’entreprise américaine a accepté un accord, qui a été déposé lundi 1er avril devant un tribunal de San Francisco.
« Les efforts des plaignants ont permis d’obtenir des aveux clés de la part d’employés de Google, y compris des documents décrivant Incognito comme « un mensonge en pratique », un « problème d’éthique professionnelle et d’honnêteté élémentaire », et un « bazar qui prête à confusion » », relatent les avocats des plaignants dans le texte d’accord.
Si cet accord est approuvé par la juge Yvonne Gonzalez Rogers en juillet prochain, Google évitera un procès. En revanche, il devra « supprimer et/ou remédier à des milliards d’enregistrements de données » récoltés pendant la navigation en ligne de personnes utilisant le mode Incognito.
« Historique »
Concrètement, via cet accord, Google s’est engagé à reformuler « immédiatement » la notice qui s’affiche sur le mode Incognito, pour « informer les utilisateurs qu’il collecte des données de navigation privée ». Et, sur le mode Incognito, l’entreprise devra bloquer par défaut les cookies tiers – ces logiciels utilisés notamment pour suivre les utilisateurs en ligne et les cibler avec de la publicité. Google a d’ailleurs déjà entamé sa transition vers la fin de ces cookies très critiqués (voir encadré).
« Cet accord constitue une étape historique, car il exige des entreprises technologiques dominantes qu’elles fassent preuve d’honnêteté dans leurs déclarations aux utilisateurs sur la manière dont elles collectent et utilisent les données des utilisateurs, et qu’elles suppriment les données ainsi collectées », indique le texte de l’accord.
L’accord ne prévoit, en revanche, pas de versement de dédommagements. La plainte déposée en 2020 exigeait 5 milliards de dollars. Il laisse toutefois la possibilité aux utilisateurs de Chrome qui s’estiment lésés de poursuivre Google séparément pour obtenir de l’argent.
Le géant américain s’est dit, de son côté, « satisfaits de mettre fin à des poursuites que nous avons toujours crues sans fondement », a déclaré son porte-parole, Jorge Castaneda. « Nous sommes heureux de supprimer d’anciennes données techniques qui n’ont jamais été associées à des individus et n’ont jamais été utilisées pour une quelconque forme de personnalisation », a-t-il assuré. Verdict attendu dans trois mois.
Vers la fin des cookies
Début janvier, Google a commencé à limiter les cookies tiers chez certains utilisateurs de Chrome. Pour rappel, les cookies sont des fichiers informatiques utilisés notamment pour tracer la navigation des internautes et leur proposer des publicités ciblées. Les « tiers » désignent ceux qui émanent des sites visités et non du navigateur lui-même.
« Comme annoncé précédemment (ndlr : en 2020), Chrome limite par défaut les cookies tiers pour 1% de ses utilisateurs afin de faciliter les tests, avant d’augmenter la capacité à 100% des utilisateurs à partir du 3e trimestre 2024 », a indiqué le géant américain dans un billet de blog.
Il a toutefois précisé que l’abandon total des cookies tiers ne pourrait être effectif qu’après avis de l’autorité britannique de la concurrence et des marchés (CMA) sur d’ « éventuelles problématiques de concurrence ».
Google travaille depuis plusieurs années sur un système alternatif aux cookies, lié au navigateur et non aux sites visités. Au lieu de viser les internautes individuellement, les annonceurs ciblent des segments d’audience (les « FLoC ») comprenant des centaines ou milliers de personnes. Les cookies ont en tout cas vu leur utilisation davantage règlementée depuis la mise en place de plusieurs normes, notamment le Règlement général sur la protection des données (RGPD) mis en place par l’Union européenne en 2016, ainsi qu’une règlementation californienne.