iT-News (monopole de l’App Store) – Plusieurs grandes entreprises technologiques ont signé, mercredi, une déclaration demandant à Apple d’autoriser d’autres moyens de paiement que l’App store pour télécharger des applications sur un iPhone. Un tribunal californien avait pourtant déjà contraint Apple à mettre en place un tel système.
Mercredi, plusieurs géants d’internet ont accusé la firme de Cuppertino de ne pas respecter une décision de justice en lien avec sa plateforme d’achat d’applications App Store. (Crédits : DADO RUVIC)
L’étau se resserre pour Apple. Mercredi, plusieurs géants d’internet ont accusé la firme de Cupertino de ne pas respecter une décision de justice, en lien avec sa plateforme d’achat d’applications App Store. Meta (Facebook, Instagram, WhatsApp), Microsoft, X (ex-Twitter) et le champion des applications de rencontre Match Group ont transmis, dans une rare initiative collective, un texte à un tribunal de Californie pour se plaindre de ce qu’elles considèrent comme des pratiques anticoncurrentielles d’Apple.
Les règles de l’App Store « sont manifestement conçues pour rendre les alternatives aux achats faits à l’intérieur du système d’Apple impraticables pour les éditeurs, et inaccessibles et peu attrayantes pour les consommateurs… », accusent les entreprises.
Une décision de justice non respectée, selon les plaignants
Pourtant, la question du verrouillage des achats sur les iPhones par Apple avait déjà fait l’objet d’une décision judiciaire. En septembre 2021, suite à un procès intenté par l’éditeur de jeu vidéo Epic Games, un juge californien avait ordonné à Apple de permettre aux développeurs d’intégrer des liens vers d’autres systèmes de paiement au sein de leurs applications. L’entreprise californienne avait déposé un recours contre cette mesure. La Cour Suprême avait toutefois rejeté ce dernier. Résultat, elle s’est immédiatement mise en conformité.
Trois ans après, dans le texte transmis mercredi, les quatre entreprises, qui rappellent posséder « certaines des applications les plus populaires de l’App Store », estiment qu’Apple ne s’est pas conformé à cette décision. La nouvelle politique d’Apple « ne respecte ni la lettre ni l’esprit de la décision de la cour », ont déclaré les quatre entreprises dans leur déclaration commune, à l’appui d’Epic.
Une alternative mise en place par Apple controversée
Dans les faits, la marque à la pomme a proposé une solution lui permettant de percevoir de 12 à 27% sur les achats externes, ce qui ne représente qu’une faible réduction par rapport à ce qu’elle facture sur l’App Store, où elle prélève jusqu’à 30% sur toutes les transactions financières. Autrement dit, elle laisse le « choix » aux développeurs de payer une commission directement à l’achat… ou juste après l’achat.
De plus, Apple s’autorise aussi le droit d’auditer les commissions sur les transactions extérieures. Autrement dit, l’entreprise compte forcer les développeurs d’applications à ouvrir leurs comptes, et si ces derniers refusent de coopérer, ils risquent un bannissement de l’App Store. Or, le magasin d’applications reste à ce jour le seul point d’entrée sur les iPhones, la gamme de smartphones la plus vendue au monde, ce qui le rend incontournable.
Interrogé par l’AFP, Apple a assuré s’être « pleinement conformé à l’injonction » du juge, qui l’autorise à prendre les mesures nécessaires pour protéger les utilisateurs. Ces règles lui permettent par ailleurs de « se prémunir contre l’utilisation non rémunérée, entre autres, de la plateforme d’Apple, de ses services…, et de ses outils et technologies exclusifs protégés par la propriété intellectuelle », poursuit-elle, citant sa déclaration de conformité transmise à la justice.
Insatisfait de la mise à jour de la politique de la marque à la pomme, l’éditeur de jeux vidéo Epic Games a récemment saisi la justice, estimant qu’elles rendaient la proposition d’autres moyens de paiement inefficace. En janvier déjà, Tim Sweeney, le directeur général d’Epic Games avait qualifié cette nouvelle mesure d’Apple « d’anti-concurrentielle », et accuse le créateur des iPhone de faire preuve de « mauvaise foi » dans sa mise en conformité.
En Europe, une ouverture de l’App Store obligatoire depuis mars
Si Apple se permet ce genre de pied de nez aux Etats-Unis, la situation est tout autre en Europe. Sous la pression du Digital Market Act (DMA), Apple a été contraint de permettre aux propriétaires d’iPhone de l’Union européenne de télécharger des logiciels sans passer par l’App Store, dès le 7 mars, date d’entrée en vigueur de la législation.
C’est un changement historique pour le géant de la tech qui a toujours argué que l’ouverture à des téléchargement extérieurs comportait trop de dangers de sécurité. Comme le rappelle le Wall Street Journal, citant une analyse marché de data.ai, plus de 171 milliards de dollars ont été dépensés sur l’App Store en 2023, ce qui signifie que 50 milliards de dollars sont allés dans la poche d’Apple. Un trésor que l’entreprise va devoir partager, du moins dans l’Union européenne.