iT-News (Renault – Fiat Chrysler ) – En cas de mariage, Renault et Fiat Chrysler constitueraient un nouveau géant de l’industrie automobile qui se classerait au troisième rang mondial avec 8,7 millions de ventes.
Renault et Fiat Chrysler présentent une forte complémentarité, relèvent les experts, le leader européen de la voiture électrique apportant ses technologies d’avenir à la présence rentable de l’Italo-américain en Amérique du Nord.
Lundi, Le conseil d’administration du groupe Renault a exprimé son « intérêt » pour le projet de fusion entre égaux proposé par l’italo-américain Fiat Chrysler, a annoncé le constructeur français dans un communiqué.
« Après avoir revu attentivement les termes de cette proposition amicale, le conseil d’administration de Renault a décidé d’étudier avec intérêt l’opportunité d’un tel rapprochement, confortant l’empreinte industrielle du Groupe Renault et générateur de valeur additionnelle pour l’Alliance » avec Nissan et Mitsubishi, a déclaré le groupe au losange.
Des économies d’échelles
À eux deux, Renault (3,9 millions de véhicules vendus en 2018) et Fiat Chrysler (4,8 millions) constitueraient un nouveau géant de l’industrie automobile qui se classerait au troisième rang mondial avec 8,7 millions de ventes.
Si on y ajoute les volumes des partenaires japonais de Renault, Nissan (5,6 millions) et Mitsubishi Motors (1,2 million), l’ensemble pèserait entre 15 et 16 millions de ventes annuelles, soit près d’une voiture sur six vendue dans le monde.
« La course à la taille est naturellement l’un des enjeux essentiels du projet de fusion », a expliqué une source proche des discussions.Ce projet est d’ailleurs salué par les investisseurs, Renault gagnant près de 14% et Fiat Chrysler 8% en Bourse.
L’automobile subit plusieurs ruptures technologiques (électrification des moteurs, conduite autonome, connectivité) qui contraignent les entreprises à investir des milliards, au point de mettre sous pression leur rentabilité. C’est particulièrement vrai en Europe où des objectifs drastiques de réduction des émissions de CO2 ont été décidés par les pouvoirs publics.
« Les constructeurs avaient investi 25 milliards d’euros dans l’électrification sur ces huit dernières années, ça va être dix fois plus, 250 milliards, dans les huit prochaines », estime Laurent Petizon, expert automobile pour Alix Partners. Ces coûts seront mieux amortis sur des volumes élevés.
Sous-investissements de Fiat Chrysler
Fiat Chrysler avait récemment scellé un accord avec le spécialiste des voitures électriques Tesla pour bénéficier de ses crédits de CO2 en Europe, en échange de cash. Ce contrat a souligné le retard pris par le groupe italo-américain dans les véhicules 100% électriques. Après des années de sous-investissement, Fiat Chrysler a donc besoin d’un partenaire pour franchir l’obstacle des normes européennes en matière de CO2.
Renault peut lui apporter d’une part des moteurs thermiques performants, avec notamment une technologie hybride essence-électrique inaugurée cette année sur son nouveau modèle de citadine Clio. Surtout, le constructeur français, connu pour sa citadine Renault Zoe, est le leader européen de l’électrique, une technologie dans laquelle il a été pionnier. « Fiat n’a rien investi dans ce domaine », souligne Ferdinand Dudenhöffer, directeur du Center automotive research (CAR) basé en Allemagne.
Renault renforcé face à Nissan
Renault a poussé ces dernières semaines pour une alliance renforcée avec Nissan, via la création d’une holding à 50–50 qui détiendrait les deux entreprises. Les Japonais ont refusé catégoriquement ce plan, estimant qu’il ne tenait pas compte de leur poids supérieur à celui de Renault, même si c’est le constructeur français qui détient 43% de Nissan, après l’avoir sauvé de la faillite au début des années 2000.
En joignant ses forces avec Fiat Chrysler, Renault « devient un groupe vraiment mondial« , souligne une source proche du dossier. Cela pourrait relancer les discussions avec les Japonais en renforçant le pouvoir de négociation de la partie française. Le projet de mariage « laisse la porte ouverte à Nissan », affirme une autre source proche du dossier.
Pour certains analystes, un mariage avec Fiat Chrysler pourrait même constituer un projet alternatif alors que les relations entre Renault et Nissan traversent une crise depuis l’arrestation de Carlos Ghosn au Japon en novembre dernier.
Géographie et segments de marché complémentaires
Renault est complètement absent du marché nord-américain, le deuxième au monde derrière la Chine. Fiat Chrysler y réalise plus de la moitié de ses ventes. À l’inverse, Renault est très bien implanté en Russie (près de 20% de ses volumes) avec notamment sa marque Lada, une opportunité pour le groupe italo-américain.
Ensemble ils deviendraient numéro deux sur la zone Europe-Moyen-Orient-Afrique, numéro un en Amérique latine et numéro quatre en Amérique du Nord. Fiat Chrysler (FCA), qui vit en Europe essentiellement des ventes de la citadine Fiat 500, a vu sa part de marché fondre de 6% en 2010 à 4,6% l’an dernier, à cause d’une gamme de véhicules qui n’a pas été suffisamment renouvelée. Renault détient une solide troisième place dans l’Union européenne avec 11% du marché.
Par ailleurs, Renault reste essentiellement un spécialiste des petits véhicules. Fiat Chrysler, avec ses marques américaines Dodge, Ram ou Jeep, apporterait un savoir-faire dans les gros pick-ups et SUV.