iT-News (Google) – la commission Européenne a décidé de lourdement sanctionné l’Américain pour abus de position dominante. Elle lui reproche d’avoir favorisé son comparateur de prix «Google Shopping» au détriment des consommateurs européens
La Commission européenne a frappé fort: 2,42 milliards d’euros d’amende infligés à Google pour «abus de position dominante». L’Europe reproche à Google d’avoir favorisé son propre service de comparaison de prix , Google Shopping, au détriment de ses concurrents. «Google a ainsi privé les consommateurs du bénéfice d’un choix de services et il a freiné l’innovation», reproche Margrethe Vestager, commissaire européenne à la concurrence.
Dans sa décision, Bruxelles donne en outre 90 jours à Google pour mettre fin à ses pratiques discriminatoires, sous peine d’astreinte dont le montant reste à déterminer. Ces pénalités peuvent atteindre jusqu’à 5% du chiffre d’affaires d’Alphabet (90 milliards de dollars), la maison mère de Google. Charge au géant américain de trouver les solutions pour offrir un traitement équitable à tous les comparateurs de prix comme Kelkoo. Il devra soumettre ses propositions à Bruxelles. Les travaux menés par l’Europe ont permis de démontrer que les sites arrivant en haut de page obtenaient 35% de clics de plus que le suivant. «Même si ces conclusions sont très intuitives, nous avons veillé à les étayer par des faits», a souligné Margrethe Vestager.
Décision qui fera jurisprudence
Cette sanction est importante à plus d’un titre, de par son montant d’abord. C’est la plus importante jamais prononcée par l’Europe, devant le 1,06 milliard d’euros, infligé à Intel en 2009. Ensuite, cette décision acte la«position dominante de Google» dans la recherche en ligne. La Commissaire européenne a lourdement insisté sur ce point rappelant que l’Américain détient plus de 80% de parts de marché dans la plupart des pays européens. Ce point est fondamental, car il peut servir de socle à d’autres investigations contre Google. Après les comparateurs de prix, d’autres «verticales» vont être analysées par Bruxelles: Maps, Images, Voyages Etc…..
Néanmoins «chaque marché sera analysé» et cette décision «ne présage en rien des autres» . Toutefois le risque est réel pour Google de se voir à nouveau rattraper par le régulateur. La Commission poursuit, en outre, ses investigations dans les dossiers Android, ou Google est à nouveaux soupçonnés de position dominante, et sur la publicité en ligne.
«Il y avait 400 comparateurs de prix en Europe avant 2008, date à laquelle Google a lancé le sien, il en reste entre 15 et 20», rappelle Eric Léandri, co président de l’Open Internet Project et partie civile dans cette affaire. «C’est un grand jour pour le secteur et pour les consommateurs en Europe. Avec cette décision, la Commission admet que Google a enfreint la loi et doit maintenant cesser ses abus afin de permettre le retour à un marché concurrentiel», a déclaré Richard Stables, PDG de Kelkoo, ajoutant «Kelkoo a perdu dix années de développement et de croissance, mais cette décision va nous permettre de nous concentrer sur l’innovation et de fournir aux consommateurs un choix plus large et des prix plus bas. C’est ce qui est vraiment enthousiasmant!».
La Commissaire européenne a d’ailleurs précisé que les entreprises qui s’estiment avoir été lésées dans l’affaire des comparateurs de prix peuvent saisir la justice de leur pays respectifs pour demander des dommages et intérêts.
Google a déjà annoncé réfléchir à se pourvoir en justice pour contester cette décision, exprimant son«désaccord respectueux». «Quand vous faites des achats en ligne, vous voulez trouver des produits facilement et rapidement», se défend l’Américain dans une note de blog estimant que ses «méthodes de référencements conviennent aussi bien aux consommateurs qu’aux professionnels».